Rubalise délimitant une scène de crime
Écrire un livre

Écrire un roman policier : ma méthode dévoilée

Comment écrire un roman policier ? Comment créer du suspense pour empêcher les lecteurs de dormir ? Polars et thrillers ont le vent en poupe. Les aficionados aiment frissonner avec les héros, enquêter, comprendre les motivations de criminels retors, résoudre des affaires complexes. Pour leur procurer les émotions recherchées, chaque auteur possède sa technique. Dans cet article, je vous dévoile ma méthode pour rédiger un livre policier captivant.

1. Trouver une idée de roman policier à écrire

Écrire un roman policier se fait par étapes. Et la première s’impose d’elle-même : vous devez trouver une idée de récit.

Les déclencheurs sont multiples. Image forte, personnage marquant, actualité, événement inhabituel… Quel que soit votre point de départ, il doit résonner et libérer votre imagination. Marcher dans une ruelle sombre vous plonge dans une série d’assassinats aussi sanglants qu’inexpliqués ? Vous avez peut-être l’amorce d’une histoire. Le regard hostile de la caissière éveille vos soupçons ? Vous tenez peut-être la meurtrière d’un ouvrage futur.

Ensuite, choisissez le cadre de votre intrigue policière. L’environnement et l’époque ont en effet une importance cruciale, car ils conditionnent de nombreux paramètres :

  • L’atmosphère – L’ambiance est différente selon que les faits se déroulent en Inde ou à Paris, en journée ou de nuit, dans une entreprise ou un bidonville, dans l’Antiquité ou pendant la Révolution française, etc.
  • Les personnages – Un docteur peut prendre les traits d’un médecin de peste dans un polar historique, ou ceux d’un chirurgien esthétique dans un thriller contemporain. Un enquêteur mi-homme, mi-robot sera crédible dans un livre futuriste, pas dans un roman moyenâgeux.
  • Les moyens dont ils disposent – Les empreintes digitales font leur apparition dans les affaires criminelles en 1902, l’ADN n’arrive qu’en 1986. Le travail des policiers a donc profondément changé au cours des années.

2. Créer la victime et le coupable

Un roman policier doit comporter trois personnages de base : une victime, un coupable et un enquêteur. Je vous conseille de les travailler dès que vous tenez une amorce de récit, en commençant par les deux premiers.

Le criminel et sa cible sont liés. En effet, le premier doit avoir une raison de nuire au second. Pour les créer, vous devez donc définir un autre élément clé des polars : le mobile.

Si vous cherchez l’inspiration, voici quelques idées de mobiles crédibles :

  • Amour – Le meurtrier assassine celui/celle qui l’a quitté, un rival, l’objet d’une passion à sens unique, etc.
  • Argent/réussite – Le criminel tue pour échapper à ses dettes, toucher une grosse somme ou récupérer un bien volé ; il exécute son maître chanteur ou un concurrent ; etc.
  • Divergence d’idéaux ou de modes de vie – Le tueur agit par intolérance (sexisme, homophobie, xénophobie, désaccords politiques ou religieux), ou il commet un homicide pour défendre une cause (l’écologie par exemple).
  • Folie – Le coupable est guidé par des fantasmes, des hallucinations ou une pathologie. Les serial killers entrent dans cette catégorie.
  • Jalousie – Le meurtrier envie une personne ou ce qu’elle possède.
  • Protection – Le criminel cherche à préserver un bien, une information ou un individu.
  • Vengeance – Le tueur prend sa revanche sur une injustice ou une humiliation subie (avec ou sans cruauté des persécuteurs) ; il essaie de restaurer son honneur ; il agit sous le coup d’une émotion forte (colère, haine, honte, tristesse, douleur).

3. Imaginer l’enquêteur, personnage clé de votre polar

Quand vous tenez le triptyque victime-coupable-mobile, penchez-vous sur l’enquêteur :

  • Agit-il seul ou en équipe ?
  • Est-il policier, détective privé, journaliste ou proche du défunt ?
  • De quels moyens (humains, financiers, informationnels) dispose-t-il ?

Les réponses à ces questions sont fondamentales. En effet, elles orientent la manière dont il mène l’enquête.

Les policiers ont accès à des moyens scientifiques et technologiques, mais ils doivent suivre des procédures. Ils possèdent une autorité due à leur fonction, mais peuvent aussi souffrir d’une certaine forme de défiance. Écrire un thriller dont le héros est policier vous impose donc des contraintes.

Vous désirez plus de souplesse ? Choisissez un autre type d’enquêteur :

  • Un détective privé a moins de moyens, mais une plus grande liberté d’action. Son passé et son expérience peuvent également lui donner un avantage.
  • Un journaliste dispose de compétences spécifiques. Il peut aussi utiliser ses contacts pour résoudre l’énigme.
  • Les proches de la victime sont entièrement façonnables. Ils peuvent, par exemple, avoir accès aux secrets de famille, à d’importants moyens financiers ou à des relations haut placées.

4. Inventer l’enquête pour écrire un roman policier cohérent

Après les personnages, réfléchissez à l’enquête elle-même.

Pour commencer, définissez le mode opératoire du coupable (ou scénario criminel). Imaginez l’endroit où il commet son forfait, l’arme utilisée, les accessoires éventuels et l’enchaînement des actions. Par exemple, le tueur peut entrer chez sa victime à l’aide d’une clé volée, l’étrangler dans son sommeil avec un lacet, puis s’enfuir en l’abandonnant. Ou l’attaquer dans la rue avec un couteau pour simuler un assassinat de circonstance.

Ensuite, pensez aux indices (objets, conversations, rumeurs, observations…) qui conduisent le limier jusqu’au criminel. Évitez les indices trop évidents pour ne pas court-circuiter l’enquête, et faites en sorte qu’ils mènent les uns aux autres. Vous créerez ainsi une piste pour votre héros… et vos lecteurs.

Prévoyez aussi comment l’enquêteur découvre chaque indice. Par exemple : grâce à des analyses médico-légales ou des écoutes téléphoniques, lors d’un interrogatoire, pendant une fouille, en infiltrant une société véreuse, etc. N’oubliez pas d’adapter ce processus à votre personnage principal pour qu’il soit crédible.

Enfin, pensez aux preuves sur lesquelles lecteurs et enquêteur s’appuieront pour confondre le meurtrier. Pour les distinguer des simples indices, dites-vous qu’elles doivent être utilisables au cours d’un procès (traces biologiques, empreintes digitales, témoignages…).

NB. Si un témoin contribue à résoudre l’enquête, développez-le soigneusement. Donnez-lui un passé et des désirs ; prévoyez ce qui l’a amené sur les lieux du crime à l’heure fatidique ; imaginez sa réaction face aux événements, et les circonstances qui mènent le limier jusqu’à lui. Il doit être crédible pour que son intervention le soit.

5. Structurer ces éléments pour écrire un livre policier captivant

Arrivé à ce stade, je vous conseille de faire un plan de votre roman. Personnellement, je ne peux pas m’en passer ! C’est une excellente façon d’ordonner les éléments de l’enquête pour vérifier qu’elle « fonctionne », qu’elle est logique et crédible.

Si vous observez des incohérences, prenez le temps de les corriger. Puis imaginez les intrigues secondaires :

  • les fausses pistes, qui mettent des bâtons dans les roues à l’enquêteur ;
  • les histoires privées, qui apportent des informations sur les personnages principaux ;
  • les événements anecdotiques, qui peuvent ensuite aiguiller le héros dans ses investigations.

Détaillez chacune d’elle, puis imbriquez-les dans l’intrigue principale en donnant du rythme à l’ensemble. De cette façon, vous rendrez votre récit plus riche, plus vivant, et vous tiendrez davantage le lecteur en haleine.

6. Décider de la narration

Vous avez maintenant une histoire qui se tient. Avant de l’écrire, décidez comment la raconter. Vos choix narratifs sont cruciaux : la narration peut injecter de l’émotion, donner du rythme au récit, créer de la tension, voire constituer un élément de surprise.

Pour commencer, optez pour un point de vue narratif adapté à vos objectifs :

  • Le narrateur omniscient est extérieur à l’histoire et connaît tout. Il n’est donc pas avare en informations. Mais faites attention : le risque avec ce point de vue est d’en dire trop, ce qui pourrait nuire au suspense.
  • Le narrateur externe décrit les faits, à la manière d’une caméra. Il invite ainsi le lecteur à laisser courir son imagination, faute de renseignements à communiquer.
  • Le narrateur interne est un personnage de l’histoire. Les événements sont donc vécus et racontés à travers ce prisme, ce qui donne une certaine coloration au récit. Cette narration oriente également le lecteur, ce qui est très utile à l’auteur de polars souhaitant dissimuler ou révéler des informations.

Adopter un point de vue interne permet aussi de multiplier les narrateurs, pour apporter de la variété et maintenir le lecteur en tension. C’est le choix que j’ai fait dans Fascinantes, où on suit plusieurs policiers et des pistes différentes.

7. Écrire votre roman policier

Vous voilà prêt à écrire un thriller captivant.

Débutez le récit par une scène marquante. En matière de polar, les possibilités sont légion : meurtre, enlèvement, annonce inquiétante ou événement mystérieux, tout est bon pour plonger le lecteur dans l’ambiance.

Déroulez votre histoire en suivant le squelette contenu dans votre plan. Donnez vie aux personnages principaux ; créez-en de nouveaux pour étoffer certains passages, quitte à établir des fiches personnages succinctes en cours de route ; distillez suspense et indices. Et faites-vous plaisir !

Pour donner du rythme au récit, misez sur des chapitres courts, à la manière de M. J. Arlidge. Les lecteurs de polar apprécient. Vous pouvez aussi opter pour des chapitres plus longs découpés en sous-parties, comme Guillaume Musso. À vous de choisir le format qui vous correspond.

Enfin, soignez le dénouement. Il doit apporter toutes les réponses attendues concernant l’enquête. Le lecteur doit donc savoir qui est le coupable, comprendre ses motivations et l’enchaînement des faits, connaître son mode opératoire et les preuves qui l’incriminent. En revanche, vous pouvez laisser planer le mystère sur d’autres éléments. La vie privée des héros par exemple. De cette façon, vous annoncez subtilement une suite, comme M. C. Beaton dans la saga Agatha Raisin. Ou comme je l’ai fait dans Fascinantes.

En résumé

Pour écrire un roman policier, vous pouvez suivre la méthode que je vous ai dévoilée :

  1. trouvez une idée de récit ;
  2. imaginez la victime, le coupable et le mobile du crime ;
  3. créez un enquêteur crédible ;
  4. inventez les détails de l’enquête (mode opératoire, indices, fausses pistes, preuves) ;
  5. structurez ces éléments en établissant un plan de l’histoire ;
  6. choisissez la narration ;
  7. écrivez un polar captivant.

Ces étapes franchies, il vous restera à corriger le livre avant de le publier. Pour mener ce processus à bien, faites le plein de conseils concernant l’écriture d’un premier roman. Et découvrez les erreurs à éviter pour rédiger un ouvrage passionnant.

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