Graffitis
Écrire un livre

Le lexique : comment tirer avantage de cet outil puissant ?

Le lexique est au service des romanciers. Il permet d’incarner les personnages, de conférer du caractère à la narration et de provoquer des émotions chez le lecteur. Mais comment l’utiliser dans un livre ? Qu’est-ce qui le différencie du vocabulaire ? Pour tout savoir sur le sujet, découvrez comment tirer avantage de cet outil puissant.

Qu’est-ce que le lexique ?

Le lexique est l’ensemble des mots disponibles dans un contexte donné, au sein d’une communauté spécifique.

Il existe donc plusieurs types de lexiques :

  • le lexique d’une langue – par exemple, tous les mots composant l’italien, l’allemand ou l’espagnol ;
  • le champ lexical d’un domaine de connaissance – les termes liés au droit, à la médecine ou au sport ;
  • le lexique d’une œuvre – l’ensemble des mots présents dans un livre pratique ou dans un roman ;
  • le champ lexical d’une époque – les termes utilisés au Moyen-Âge ou pendant la Renaissance ;
  • etc.

Le lexique est différent du vocabulaire. Ce dernier désigne tous les mots employés par un individu. Le vocabulaire varie d’une personne à l’autre, et il est moins riche que le lexique, qui est immuable et commun à tous.

Travailler les lexiques dans un roman

Le vocabulaire employé par un personnage de roman est conditionné par son métier, ses loisirs, etc. Il communique subtilement une foule d’informations le concernant et lui apporte de la crédibilité. Le lexique fait donc partie intégrante du travail de création et doit figurer dans la fiche personnage.

Pour concevoir le lexique de chaque protagoniste, listez ses spécificités :

  • À quelle époque vit-il ?
  • Dans quel milieu ?
  • Quel âge a-t-il ?
  • Quelle profession exerce-t-il ?
  • Quel est son passe-temps favori ?
  • Etc.

Pour chaque caractéristique, identifiez le champ lexical correspondant, d’après vos connaissances ou en vous aidant d’outils tels que rimes solides. Ensuite, sélectionnez les mots qui feront partie du vocabulaire du personnage. Puis, insérez-les dans les dialogues, dans ses pensées, ou dans la narration elle-même (notamment si vous adoptez un point de vue interne).

Ainsi, un chirurgien utilisera un scalpel, des pinces d’endoscopie ou une curette. Des navigateurs manipuleront la vergue, les drisses et hisseront les voiles. Dans un roman policier, les enquêteurs parleront de mandat de perquisition, de tapissage ou d’auditions. Etc.

Toucher le lecteur grâce aux lexiques

Couplés aux registres de langue, les lexiques donnent du caractère aux personnages et au texte. Ils peuvent également provoquer des émotions chez le lecteur (rire, peur, surprise, etc.).

En voici deux exemples particulièrement réussis.

Hergé a finement travaillé le vocabulaire du capitaine Haddock. En détournant des mots appartenant à divers champs lexicaux, l’auteur a créé une liste de jurons uniques en leur genre. Mille millions de mille sabords, bachi-bouzouk, anacoluthe, moule à gaufres, tonnerre de Brest, iconoclaste, flibustier de carnaval, ectoplasme, hurluberlu, ornithorynque, sapajou, marin d’eau douce, bougre d’olibrius, pirates, catachrèse… Ces termes sont très réjouissants ! (Je n’ai d’ailleurs pas résisté à cette énumération.) De surcroît, ils présentent un gros avantage : permettre au lecteur d’identifier le capitaine sans le voir.

Dans Mamie Luger, Benoît Philippon joue sur le détournement. Il place un vocable argotique, voire grossier, dans la bouche d’une centenaire coriace. Il cisèle ainsi un personnage aussi insolite que savoureux. Une femme brute de décoffrage et attachante, dont on suit les aventures avec délectation.

Doser l’emploi des lexiques dans un livre

Lexique et registre de langue sont des outils puissants au service des écrivains. Utilisez-les pour créer des protagonistes de caractère : drôles, décalés, guindés, odieux, grossiers… Les possibilités sont vastes, amusez-vous.

Vous pouvez par exemple transformer l’emploi d’un terme en tic de langage. Ou doter un personnage d’une expression fétiche. De cette façon, vous le rendez très reconnaissable. Ainsi, dans Le père Noël est une ordure, Pierre Mortez (Thierry Lhermitte) répète à l’envi « C’est c’la, oui ». La sauvageonne Ygritte (Rose Leslie) de Game of Thrones est célèbre pour sa réplique culte « Tu ne sais rien, Jon Snow ».

Les tics de langage étant très prévisibles, vous pouvez aussi en jouer. Par exemple, dans un dialogue entre deux personnages, l’un pourra anticiper la réponse de l’autre. Ou la détourner, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Soyez cependant attentif à une chose : vous devez gérer l’emploi des lexiques sur la longueur du roman. Pour cela, évitez d’en faire trop, notamment dans la narration. Une surdose langagière peut compliquer la lecture, nuire à la vraisemblance, introduire des incompréhensions. Et finalement rebuter les lecteurs.

En résumé

Le lexique appartient au panel d’outils des romanciers. Vous savez désormais comment utiliser cet outil puissant :

  • listez les termes liés à l’univers des personnages ;
  • sélectionnez ceux qui constitueront leur vocabulaire ;
  • employez-les dans les dialogues ou la narration ;
  • jouez avec les mots pour créer des tics de langage ou des expressions fétiches ;
  • évitez la surdose.

En complément, découvrez mes astuces pour rédiger une description ou écrire un dialogue percutant. Vous saurez ainsi comment captiver votre lectorat !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *