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Écrire un livre

Les trois points de vue narratifs dans un livre

Vous prévoyez de rédiger un roman ? Vous avez commencé et vous vous posez des questions sur la narration ? Vous voulez tout connaître sur les points de vue du narrateur pour choisir le vôtre ? Ces questions sont parfaitement normales quand on se lance dans un projet d’écriture. Et il est fondamental d’y répondre ! En effet, l’énonciation prend des formes différentes en fonction du statut du narrateur. Pour tout savoir sur les points de vue narratifs, lisez cet article.

1. Le point de vue omniscient

Dans ce type de narration, le récit est écrit à la troisième personne (il, elle).

Le narrateur omniscient n’appartient pas à l’histoire. C’est donc un narrateur absent. En revanche, il connaît tout sur les protagonistes : leur passé, leur futur, leurs secrets, leurs espoirs, leurs émotions… Il le raconte au lecteur, qui en sait plus que les personnages eux-mêmes.

Mouret écoutait, saisi par cette querelle, ne trouvant pas la phrase pour en finir. Il avait horreur de ces explications entre femmes, dont l’âpreté blessait son continuel besoin de grâce. Henriette voulait lui arracher un mot qui condamnât la jeune fille ; et, comme il restait muet, partagé encore, elle le fouetta d’une dernière injure.

Au Bonheur des Dames, Émile Zola

Ce point de vue narratif offre de grandes possibilités aux écrivains. Nous pouvons creuser différents personnages, entrer dans leur tête pour examiner leur caractère et comprendre leurs motivations.

Mais cette forme d’énonciation comporte également des limites.

On risque d’en faire trop dans une même scène, de sauter trop vite d’un protagoniste à l’autre, et d’aboutir à une véritable cacophonie. Finalement, on étourdit le lecteur, on le fatigue et on finit par le perdre.

Dans le pire des cas, on peut même tuer l’intrigue. Imaginez un roman policier qui dévoilerait les pensées de tous les personnages dès qu’ils apparaissent. Où serait le mystère ?

Pour contourner ces écueils, il faut utiliser les changements de point de vue à bon escient :

  • éviter de les multiplier dans un paragraphe ;
  • développer uniquement le point de vue qui fera avancer l’histoire ;
  • travailler soigneusement les transitions.

2. Le point de vue interne

Ce type de narration est centré sur un seul personnage. Le narrateur interne raconte le vécu et les ressentis de cet unique protagoniste. Il en sait autant que lui.

La narration interne peut prendre 2 formes :

  1. un récit à la première personne ;
  2. une énonciation à la troisième personne.

Dans le premier cas, le narrateur (ou la narratrice) est présent. Il fait partie intégrante de l’histoire, et relate ses propres expériences. On parle alors de narrateur-personnage.

On peut imaginer plusieurs façons de construire un récit à la 1re personne :

  • le journal intime, comme dans Les sales gosses de Charlie Ménétrier McGrath ;
  • le souvenir, comme dans Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë ;
  • etc.

Je suivis Miss Catherine à Thrushcross Grange et j’eus l’agréable surprise de constater que mes conjectures étaient erronées et qu’elle s’y conduisait infiniment mieux que je n’aurais osé l’espérer.

Les Hauts de Hurlevent, Emily Brontë

Si l’énonciation est à la troisième personne, le conteur est absent. Comme dans la narration omnisciente. En revanche, il ne peut pas entrer dans la tête de tout le monde. Il a le même niveau de connaissance que le personnage principal, et ne peut pas révéler des informations inconnues du héros.

— Ma-gni-fique ! Vous êtes splendide !
Sabrina observe Marie sous tous les angles en poussant de petits cris et en applaudissant. Marie sent la peur l’envahir. Il y a des personnes dont on aimerait ne jamais recevoir de compliments. Et puis la serviette tombe.

Le premier jour du reste de ma vie, Virginie Grimaldi

Dans cet extrait, le narrateur a le même niveau d’information que Marie. Il voit ce que fait Sabrina, il entend ce qu’elle dit, mais il ne sait pas ce qu’elle pense. En revanche, les sentiments de Marie sont très clairs.

La narration interne à la 3e personne est très courante, et plus facile à utiliser que la narration omnisciente. Pensez-y si vous débutez.

3. Le point de vue externe

Dans ce type de narration, le raconteur énonce ce qu’il observe de façon neutre, objective et distante. Pour cela, il utilise la troisième personne (il, elle).

Le narrateur (et donc le lecteur) en sait moins que les personnages :

  • il ne connaît pas leur histoire, leur passé ou leur futur ;
  • il n’a aucune information concernant leurs sentiments et leurs aspirations.

Le narrateur ne vit pas les événements. Il se contente de les décrire, comme le ferait une caméra.

Deux hommes parurent. L’un venait de la Bastille, l’autre du jardin des Plantes. […] Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent à la même minute, sur le même banc.

Bouvard et Pécuchet, Gustave Flaubert

Cette narration très objective présente un gros avantage : elle invite le lecteur à laisser courir son imagination. Il peut donner lui-même de la profondeur aux événements et aux protagonistes. Imaginer d’où ils viennent, ce qu’ils ressentent.

La narration externe comporte également un inconvénient. L’auteur doit se contenter de raconter des faits sans les contextualiser ni creuser la psychologie de ses personnages.

Cela ne convient pas à tous les genres littéraires. Par exemple, les volumes d’Harry Potter seraient moins prenants si J. K. Rowling n’avait pas expliqué l’origine de sa cicatrice. Les romans de Tolkien seraient moins palpitants sans les légendes entourant l’anneau magique.

Résumé sur les points de vue narratifs

Il existe trois points de vue narratifs :

  1. Le point de vue omniscient – Énonciation à la 3e personne ; le narrateur (et le lecteur) en savent plus que les personnages eux-mêmes.
  2. Le point de vue interne – Énonciation à la 1re ou la 3e personne ; le narrateur en sait autant que le personnage principal.
  3. Le point de vue externe –  Énonciation à la 3e personne ; le narrateur en sait moins que les personnages.

Maintenant, c’est à vous de jouer ! Choisissez votre préféré parmi ces différents types de narrateurs. Optez pour le point de vue le plus adapté à votre projet.

Si vous privilégiez le point de vue omniscient, soyez attentif à la clarté de votre texte. Évitez de créer une cacophonie d’informations, au risque de perdre le lecteur.

Vous êtes prêt ? Alors, c’est parti ! Passez à l’écriture de votre roman.

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