Publier sous pseudonyme : bonne ou mauvaise idée ?
Votre livre est bien avancé, voire terminé. Vous pensez naturellement à sa parution. Mais une question demeure : quel nom allez-vous mettre dessus ? Devez-vous publier sous pseudonyme pour préserver votre anonymat ? Ou au contraire, conserver votre véritable identité ? Vous vous en doutez, il n’y a pas de réponse universelle à cette question. Tout dépend de votre situation, de vos désirs, de vos contraintes. Pour sélectionner la meilleure option, examinons les pour et les contre de la publication sous pseudo.
Publier un livre sous pseudonyme a du bon
De nombreux écrivains choisissent de publier sous un pseudonyme. Cette stratégie présente en effet des avantages non négligeables.
Protéger vos proches
Après la publication, votre nom d’auteur sera inscrit sur votre roman. Il paraîtra également dans les médias pendant la promotion (je vous le souhaite !). Il sera cité lors d’événements littéraires, salons du livre, etc. Bref, une fois l’ouvrage édité, votre nom sera exposé.
Mais d’autres personnes le portent aussi. Votre conjoint, vos enfants, votre famille. Ils seront donc soumis aux retombées de votre œuvre, malgré eux. En utilisant un pseudo, vous leur évitez cette exposition. C’est plus confortable pour eux, en particulier si vous rédigez dans un genre clivant (érotique, essais polémiques, etc.).
Cloisonner vos activités
Vous pouvez choisir un nom de plume pour des raisons purement professionnelles. Si vous exercez une autre activité, par exemple. En prenant un pseudo, vous dissociez la production littéraire de votre second emploi. Cette stratégie est très utile, voire nécessaire dans certains métiers (fonctionnaire, haut dirigeant, etc.).
Vous pouvez aussi changer de pseudonyme pour écrire dans un nouveau genre. En effet, votre nom est associé à une catégorie. Il génère des attentes chez vos lecteurs, possède une image et une réputation. En adoptant un nouveau nom, vous repartez sur une page blanche. Vous pouvez alors vous bâtir une réputation indépendante de la précédente.
Utiliser un nom unique ou facile à porter
Avant de publier, recherchez d’éventuels auteurs ayant le même nom que vous. Vous trouvez un homonyme ? Il peut être judicieux de choisir un nom de plume pour vous distinguer.
Vous pouvez aussi prendre un pseudonyme pour effacer un nom difficile. Sont concernés :
- Les noms difficiles à vendre, car imprononçables, compliqués à écrire, etc.
- Les noms difficiles à porter (je ne vous fais pas de dessin).
Mettre en place une stratégie marketing
Choisir un nom de plume peut vous aider à sortir du lot dans certains genres littéraires. Par exemple, certains auteurs prennent un pseudo anglophone pour émerger dans la catégorie des thrillers (cf. Maxime Chattam). Des écrivaines modifient ou raccourcissent leur prénom pour percer dans des catégories dominées par les hommes (cf. J. K. Rowling). Etc.
À noter – Certains romanciers optent pour la stratégie inverse. Ils conservent leur nom d’usage pour se démarquer dans le genre qu’ils visent. Et ça fonctionne ! Pour s’en persuader, il suffit de constater le succès des polars de Michel Bussi, Franck Thilliez ou Jean-Christophe Grangé.
Publier sous pseudonyme peut créer des embûches
Nous venons de le voir, utiliser un nom d’emprunt présente quelques avantages. Mais cette stratégie va aussi parsemer votre quotidien d’embûches. Rien d’insurmontable, bien sûr. Mais autant les connaître pour mieux les anticiper.
Toucher vos revenus
Considérons le nerf de la guerre : l’argent. Votre compte en banque est forcément ouvert sous votre vrai nom. Pas sous votre pseudo. Le plus souvent, cela ne posera pas de problème. En effet, votre éditeur connaîtra vos deux identités. Il vous versera donc vos revenus (avance sur droits d’auteur, droits d’auteur après publication, droits SOFIA) sans difficulté.
Mais les choses ne se dérouleront pas toujours aussi facilement.
En tant qu’auteur, vous réaliserez des prestations annexes (séances de lecture, interventions en milieu scolaire, etc.). Vous éditerez alors des notes de droits d’auteur, qui seront souvent payées par chèque. Rien d’étonnant, bien sûr. Mais veillez bien à les faire établir à votre vrai nom. Sinon, comment les encaisser ?
Prouver votre identité
Si vous publiez sous pseudonyme, vous serez connu du plus grand nombre sous ce nom. Super ! C’est le but. Mais cela pourrait aussi devenir gênant.
Imaginez… Vous allez dans un point relais ou à la Poste pour récupérer un courrier ou un colis. Vous présentez votre CNI ou votre passeport pour prouver votre identité. Problème : l’envoi est adressé à votre nom d’emprunt, qui ne figure pas sur ces documents.
Autre situation, même difficulté. Vous êtes attendu à un salon littéraire. On vous demande de décliner votre identité avant d’entrer. Vous sortez vos papiers. Malheureusement, votre nom de plume n’y est toujours pas inscrit.
Comment faire pour prouver votre identité ?
Une seule solution : présenter votre contrat d’édition. En effet, ce document indique clairement votre nom d’usage et votre pseudo. Ce dernier sera simplement précédé de la mention « publié sous le pseudonyme xyz ». Vous devrez donc penser à l’apporter à chaque déplacement professionnel.
Promouvoir votre livre
Si vous ne cherchez pas à demeurer anonyme, vous pourrez communiquer autour de votre ouvrage. Donner des interviews, participer à des émissions, etc. Comme si votre nom de plume était votre identité réelle.
Les choses se compliquent si vous souhaitez rester anonyme. Utiliser un pseudo peut alors devenir un frein dans votre publicité. Il vous sera impossible de diffuser des photos de vous, vous faire interviewer, évoquer certains aspects de votre vie personnelle, etc.
À la place, vous devrez faire preuve d’originalité dans votre communication. Jouez sur votre anonymat. Entretenez le mystère, à la manière d’Elena Ferrante, l’auteure de la saga L’amie prodigieuse.
Dans ce cas, les réseaux sociaux peuvent devenir très utiles. Veillez simplement à cloisonner vos comptes professionnels et privés. De cette façon, vous ne serez pas démasqué et vous conserverez les bénéfices de votre nom d’emprunt. Cette gymnastique demande un peu d’entraînement, mais vous vous y habituerez vite.
À noter – Dans tous les cas, faites attention pendant les séances de dédicaces. Pensez à signer avec votre pseudo, sinon vos lecteurs seront surpris.
En conclusion
Maintenant, vous savez ce qui vous attend si vous utilisez un nom d’emprunt (anonymat, liberté créative, imbroglios administratifs, etc.). Vous avez donc toutes les informations nécessaires pour choisir l’option qui vous correspond.
Vous avez décidé de publier sous pseudonyme ? Lisez vite mon article sur la recherche du nom de plume idéal. Il regorge d’astuces et d’exemples d’auteurs qui ont fait le même choix. Et quand vous l’aurez trouvé, dites-le-nous en commentaire.